Éthique clinique et philosophie de terrain: comment et pourquoi l’étude des intuitions morales des réanimateurs peut-il affecter le débat théorique ?

Deux débats théoriques sous-tendent le réflexion philosophique actuelle autour des décisions de fin de vie : l’identité/différence entre « limitation et arrêt de traitement » (LAT) et euthanasie d’un côté, et l’équivalence / non-équivalence des différents types de LAT, notamment des limitations, abstentions ou arrêts de traitement de l’autre.

Une étude empirique d’éthique clinique dans 7 services de réanimation confirme la complexité éthique des décisions de LAT, mais déjoue les débats théoriques : pour chacun des deux débats, ni l’une ni l’autre des deux positions opposées défendues avec des arguments philosophiques correspond aux conceptions spontanées des réanimateurs. L’étude montre en effet que les décisions  de LAT sont vécues par la plupart des praticiens comme « actives » c’est-à-dire qu’elles contribuent bel et bien à la mort du patient tout en étant différentes de  l’euthanasie. De plus, alors que certains considèrent que ces décisions sont potentiellement problématiques du point de vue éthique, d’autres au contraire qu’elles ne le sont pas. Ces deux groupes ont également des intuitions opposées quant aux différences éthiques entre arrêts et limitations de traitement. La « variabilité » des intuitions des praticiens s’explique par leur adhésion à des valeurs professionnelles différentes et bien ancrées.

Après une présentation des débats philosophiques et des résultats de l’étude empirique on proposera une réflexion sur les raisons et la façon dont l’étude systématique des intuitions morales des personnes concernées peuvent, ou ne peuvent pas, infléchir le débat théorique.

Pour en savoir plus :
https://logiquesagir.univ-fcomte.fr/
Lien de connexion à venir.