Future infirmière et jeune chercheure

Maud Fontaine mène des recherches sur la médiatisation de la fin de vie, en parallèle de sa formation d'infirmière. Portrait d’une jeune femme au parcours peu commun.

Portrait de Maud Fontaine en tenue d'infirmière

Pendant sa licence en sciences de l’information et de la communication, Maud Fontaine découvre la recherche en participant à des ateliers de lecture de publications scientifiques animés par des doctorants. Enthousiaste, elle décide de devenir maître de conférences.

Elle entame des recherches sur la médiatisation de la fin de vie dans le cadre de son master à l’Université Bordeaux III, puis intègre Paris Sorbonne université pour sa thèse. Au sein du laboratoire GRIPIC1, elle rencontre, selon ses propres dires « un formidable collectif de recherche ».

Ses travaux portent sur l’écriture journalistique du trépas. Elle analyse comparativement les publications de trois quotidiens (Le Petit journal, Le Figaro, et Le monde) à deux époques différentes : en 1882, aux débuts de la professionnalisation du journalisme, et en 2014. « La notion de mort se glisse partout : dans les nécrologies, mais aussi dans les carnets, les jeux ou la publicité, précise-t-elle. Si un certain vocabulaire est devenu désuet, la représentation du trépas comme une figure de la limite n’a pas fondamentalement changé. » Le trépas est un objet flou puisqu’il se définit comme un passage entre deux états, un interstice entre la vie et la mort. C’est donc une notion particulièrement intéressante pour la jeune chercheuse car elle lui donne la possibilité de questionner la prétention du journalisme à dire la vérité sur le monde.

Une vocation

Pendant sa première année de thèse, Maud Fontaine travaille en parallèle à l’Observatoire national de la fin de vie. Elle signe ensuite une convention CIFRE2 avec le Centre national de ressources soins palliatifs (CNDR SP), grâce au soutien du Fonds pour les soins palliatifs. Ce secteur lui est déjà familier : « Ma mère était bénévole d’accompagnement dans un service de soins palliatifs. Elle en parlait beaucoup et de manière passionnée. Elle m’a transmis son intérêt et ses valeurs et moi, j’ai construit mon propre point de vue de chercheur sur ce sujet ».

Maud Fontaine fait également l’expérience de cinq années d’enseignement, en tant que chargée de cours puis ATER3 à l’Université Paris 13. « Malheureusement, je n’arrivais pas à consacrer le temps que j’estimais nécessaire aux étudiants. J’y passais toute mon énergie, au détriment de mes recherches », regrette-t-elle.

Son travail l’amène à rencontrer de nombreux acteurs du soin et des soins palliatifs, et c’est au fur et à mesure de ces échanges que naît en elle l’idée de devenir elle-même soignante, « pour me sentir véritablement utile aux autres », déclare-t-elle. C’est pourquoi elle décide de passer le concours d’entrée à l’IFSI4 Bicêtre, qu’elle réussit. Aujourd’hui, elle mène de front ses études d’infirmière, incluant de nombreuses périodes de formation en milieu hospitalier, et ses recherches, avec un emploi du temps bien rempli. Elle espère, pour sa troisième et dernière année, pouvoir expérimenter l’hospitalisation à domicile et les soins palliatifs pendant ses stages. « Ce qui est intéressant en soins palliatifs, comme en pédiatrie d’ailleurs, c’est la prise en charge globale de la personne et l’attention particulière portée à la douleur et aux proches du patient. C’est une philosophie intéressante, avec un travail interdisciplinaire très marqué ».

Le droit des infirmiers à faire de la recherche

Maud Fontaine doit, en cette fin d’année, obtenir son diplôme d’infirmière et soutenir sa thèse. Une fois ses deux diplômes en poche, elle aimerait poursuivre cette double activité : « Cela participe d’un certain équilibre psychologique : le soin est une pratique tournée vers l’autre, qui demande une grande rigueur et une grande vivacité d’esprit, c’est un travail collectif où on partage des valeurs communes. Tandis que la recherche permet une autre temporalité et une autre forme de réflexivité. Il me semble important de pouvoir nourrir la recherche de la pratique, et inversement, même s’il est difficile de conjuguer les deux. »

Rares sont encore les infirmiers qui font de la recherche, cependant une dynamique se crée actuellement en ce sens, notamment dans le domaine des soins palliatifs. « J’espère que les institutions hospitalières et le monde académique permettront aux infirmiers et infirmières de développer cette activité. Je fais un pari sur l’avenir : pour faire évoluer les choses, il faut bien des gens pour se lancer ! » souligne-t-elle avec optimisme.

  1. Groupe de recherches interdisciplinaires sur les processus d’information et de communication (EA 1498 Paris Sorbonne Université)
  2. Convention industrielle de formation par la recherche
  3. Attaché temporaire à l’enseignement et à la recherche ATER
  4. Institut de formation en soins infirmiers IFSI

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Publié le 8 octobre 2020
Auteure : Delphine Gosset

 

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