Les collaborations interdisciplinaires s’organisent en Auvergne-Rhône-Alpes

L’un des objectifs de la Plateforme nationale pour la recherche sur la fin de vie est de faire émerger localement des recherches pluridisciplinaires. L’Auvergne-Rhône-Alpes fait partie des régions où de telles collaborations se structurent. Depuis l’an dernier, trois projets de recherche articulant médecine, lettres et sciences humaines ont été lancés.

Vue globale d'un amphithéâtre où s'est tenue la 3 ème rencontre régionale auvergne

Le 20 février dernier une troisième rencontre entre soignants et chercheurs en sciences humaines et sociales était organisée à la MSH1 de Clermont Ferrand. Virginie SAGOT, médecin coordonnateur à l’équipe mobile soins palliatifs des centres hospitaliers d’Issoire Brioude, est à l’initiative de ces rencontres. Elle raconte : Il y a deux ans, la MSH et le centre hospitalier collaboraient déjà dans le domaine de la santé avec un projet de recherche portant sur le discours dans la relation médecin patient auquel je participais. Quand je lui ai parlé de la Plateforme, le directeur de la MSH s’est montré très intéressé par son aspect pluridisciplinaire et la perspective de voir les laboratoires travailler, non plus côte à côte, mais ensemble. Le 27 mars 2019 s’est tenue une première réunion d’information sur la plateforme et son annuaire national des chercheurs. Nous nous sommes réunis à nouveau, le 2 juillet, pour apprendre à nous connaître à travers une présentation des travaux des uns et des autres, et pour commencer à identifier nos principaux axes de recherche. Le 20 février, nous avons poursuivi les présentations et réfléchi à comment travailler ensemble autour de ces thématiques.

“ Les chercheurs en lettres et sciences humaines sont très motivés par la possibilité de mener des recherches de terrain avec des actions concrètes pour améliorer la qualité des soins ”

Ces rencontres successives ont été coordonnées par le directeur de la MSH, Jean-Philippe LUIS, Mylène BLASCO, enseignante-chercheuse au Laboratoire de recherche sur le langage (LRL) et Virginie SAGOT. Les échanges ont permis de lancer trois principaux projets de recherche. Des soignants, des chercheurs en sciences de l’éducation, des juristes et des philosophes travaillent ensemble autour de la question des directives anticipées3. Ils s’interrogent sur ce que celles-ci révèlent de la conception de la mort au cours de la vie et réfléchissent à ce que ces directives anticipées pourraient apporter à la personne qui en est l’auteur, à ses proches et aux soignants. Un second projet porte sur les prises de décision en fin de vie au sein des équipes soignantes.  Il rassemble des chercheurs en littérature, des linguistes et des soignants. Des ateliers d’écriture littéraire sont menés auprès des soignants. La lecture de textes littéraires et  la pratique de l'écriture donne la possibilité d'exprimer "une autre voix" pour interroger les représentations de la fin de vie, de la mort ou comprendre ce qui peut faire difficulté dans la relation de soin dans la pratique, dans la prise de paroles en situation difficiles. Enfin, des psychologues cognitivistes et des médecins travaillent sur l’accompagnement, la spiritualité et la conscience de soi. Il s’agit de montrer par exemple en quoi la méditation et le renforcement des émotions positives peuvent améliorer la condition des personnes en fin de vie. Les chercheurs en lettres et sciences humaines sont très motivés par la possibilité de mener des recherches de terrain avec des actions concrètes pour améliorer la qualité des soins, constate Virginie Sagot.

L’annuaire de la Plateforme a permis de recenser en Auvergne-Rhône-Alpes une quarantaine de personnes travaillant dans le domaine de la fin de vie. Même si chacun exprime la volonté de travailler ensemble dans une perspective interdisciplinaire, c’est difficile à 40 ! C’est pourquoi nous avons organisé des sous-groupes qui vont réfléchir ensemble autour de trois axes de recherche définis à partir des travaux déjà initiés et des disciplines représentées. Les axes en question sont : La mise en mots de la fin de vie : l'écrire, la dire, la parler ; La temporalité de la fin de vie et enfin L'identité professionnelle. Le fruit de ces réflexions sera mis en commun lors de la prochaine rencontre Auvergne-Rhône-Alpes qui aura lieu le 15 octobre.

  1. Maison des sciences de l'homme (MSH). Les MSH sont des unités de service et de recherche dédiées au soutien à la recherche en sciences humaines et sociales.
  2. Les directives anticipées correspondent aux dernières volontés sur les soins en fin de vie exprimées par une personne majeure dans une déclaration écrite. Ce document aide les médecins, le moment venu, à prendre les décisions adéquates sur les soins à donner si la personne n'est plus en mesure d'exprimer ses volontés.

Contact :
Virginie Sagot

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