Une étude pour décrire le vécu et les pratiques en EHPAD pendant la crise du Covid-19

Au sein des établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), les résidents sont confrontés à la maladie et à la mort alors qu'ils sont confinés. Cette situation inédite est également douloureuse pour le personnel qui les prend en charge, pour leur famille et pour leurs proches. Nous sommes face à une nouvelle figure de la fin de vie , souligne Régis Aubry, co-président de la Plateforme nationale pour la recherche sur la fin de vie. Cette Plateforme a lancé début avril une étude sur les questions liées à la fin de vie que pose la crise sanitaire dans ces institutions.

Collecter dès que possible des données de terrain

L’objectif de cette recherche est de collecter dès que possible des données de terrain pour documenter le vécu et les pratiques des professionnels, des familles et des résidents explique Elodie Cretin, directrice de la Plateforme. Dans six régions françaises¹, une équipe interdisciplinaire de seize chercheurs en sciences humaines et sociales rompus à l’exercice de la passation d’entretien interroge par téléphone les professionnels de santé, travailleurs sociaux, psychologues, chefs d’établissement, bénévoles et employés des services mortuaires, mais aussi les résidents et leurs familles². Ils s’intéressent au vécu des personnes, à l’angoisse liée au confinement et à la fin de vie, à la mort, aux pratiques professionnelles… Un suivi des familles permet de faire un focus sur les situations de deuil. L’étude s’intéresse aussi aux conséquences de cette crise, aux réactions qu’elle suscite et aux stratégies d’adaptation mises en place.

Ces travaux sont menés dans des circonstances particulières, du fait du confinement, autour d’un sujet délicat d’un point de vue éthique. Nous pouvons penser que les soignants, familles, résidents, sont peu disponibles physiquement et psychiquement pour prendre le temps d’un entretien de recherche par téléphone. Mais nous savons également que les personnes ont en ce moment un besoin de parler, d’échanger, de raconter ce qui leur arrive , souligne Elodie Cretin. Ces données recueillies au cœur de la phase épidémique seront analysées au fur et à mesure afin que cette expérience soit mobilisable dès que possible. L'étude permettra de rendre visible, à distance des préjugés et des filtres médiatiques, la manière dont les professionnels et les résidents s’efforcent de faire face à cette crise. Les résultats apporteront sans doute des éléments susceptibles d'influencer les politiques d’accompagnement du vieillissement et de solidarité envers les personnes vulnérables.

Le Centre hospitalier universitaire de Besançon est le promoteur de cette recherche, tandis qu’Université Bourgogne Franche-Comté en assure la coordination, via la Plateforme³. Ce projet est soutenu par la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (SFAP), la Société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG), le Conseil national professionnel (CNP) de gériatrie, l'Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) et le Comité analyse, recherche et expertise (CARE) Covid-19. Il est financé par la Caisse nationale de la solidarité pour l'autonomie (CNSA), le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation (MESRI) et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS).

1. Ile-de-France, le Grand Est, Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts de France, Bretagne et Bourgogne-Franche-Comté.
2. Le lien entre les chercheurs et les EHPAD est facilité, entres autres, par les réseaux de coordination régionaux, les équipes mobiles de soins palliatifs et de gériatrie, les agences régionales de santé, les espaces de réflexion éthiques régionaux et par l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA).
3. La Plateforme nationale pour la recherche sur la fin de vie est portée par UBFC.

Pour en savoir plus :
Consultez la page dédiée à l'étude COVIDEHPAD sur notre site internet

Auteur : Delphine Gosset
Publié le 1er avril 2020 - Mis à jour le 13 mai 2020