Mort, ville et "écologie" : La Chimère d'un paysage funéraire alternatif en construction dans le territoire métropolitain strasbourgeois

Issus de cultures souvent millénaires, les rituels et l’architecture funéraires ont accompagné les civilisations au cours de leur évolution et ont façonné leur rapport à la mort jusqu’à nos jours en ancrant profondément leurs espaces dans le paysage. Plus particulièrement, les cimetières deviennent des objets de plus en plus complexes à manipuler, tant spatialement que symboliquement, dans les métropoles contemporaines en France où les enjeux en fractale du dérèglement climatique, s’ajoutent par ailleurs aux mutations sociétales et imprègnent de plus en plus le domaine funéraire engendrant de nouvelles pratiques et de nouvelles spatialités. Dans l’Eurométropole de Strasbourg, les cimetières n’échappent pas aux enjeux de la « transition écologique, solidaire et démocratique » initiée par la collectivité et sont, de manière volontaire ou non, le laboratoire des politiques publiques face changements de société en cours. Tant sous l’influence de dynamiques “écologiques” à grande échelle (déminéralisation, renaturation, restauration et préservation de la biodiversité, réduction de l’emprunte carbone...) que par des transformations et initiatives se voulant “éco-responsables” directement liées aux pratiques de deuil (sépultures alternatives, coopératives funéraires...), ces mesures et leurs conséquences sur les cimetières questionnent leur place et leur rôle dans le paysage urbain. 

En s’appuyant sur l’exemple strasbourgeois, la thèse vise donc à mieux définir les reconfigurations spatiales des cimetières liées aux dynamiques dites de transition écologique et de voir dans quelles mesures elles articulent les enjeux funéraires, environnementaux et les processus urbains. La recherche doit, par une approche systémique, analyser l’opérationnalisation de la notion d’écologie dans une action publique pour défendre un projet de transformation du cimetière. Elle permettra alors d’identifier les points de tensions relatifs à la prise en compte des cimetières dans les processus de planification à grande échelle, notamment dans la confrontation des systèmes de gouvernance et de valeurs entre contraintes funéraires et environnementales. Dans sa portée prospective, l’objectif est ainsi d’analyser et de repenser les espaces funéraires, dans leur complexité temporelle, au prisme des enjeux écologiques urbains contemporains. 

La thèse est menée en CIFRE au sein du service funéraire de la Ville et Eurométropole de Strasbourg.  

Sous la direction de Denis BOCQUET et de Andreea GRIGOROVSCHI.

Lien vers theses.fr : https://www.theses.fr/s303659