Pratique funéraire du compostage : la recherche-action participative à l’appui d'une transition sociétale

Ce programme de recherche émane d’une demande de la société civile pour des études expérimentales portant sur la pratique funéraire du compostage.

Depuis quelques années, une ambition positive voulant réduire l’impact environnemental des défunts et redonner du sens à la mort se développe : on parle de pratiques funéraires vertes ou émergentes. La réduction organique naturelle des corps, autrement dit le compostage funéraire, est déjà employée dans 7 états américains et 46 % des Français seraient prêts à y recourir. Le corps du défunt est placé sur un lit de broyats végétaux, puis recouvert de ce même matériau. Sous l’action des bactéries aérobies, l’ensemble se transforme rapidement en terreau. Mais malgré cette ambition vertueuse et une réelle attente sociétale, deux demandes officielles de légalisation ont déjà été rejetées. Dans les deux cas, ces refus pointaient l’absence d’un argumentaire scientifique suffisant. Il est donc nécessaire de réaliser des études afin de tester son efficacité et son innocuité.

Cette question, qui relève actuellement de l’undone science, est complexe du fait de sa transdisciplinarité et de la nécessaire implication d’une multitude d’acteurs issus de la recherche, de la société civile, de professionnels ou encore d’agences sanitaires. Même en limitant la problématique aux seules questions scientifiques, les savoirs se rapportant au compostage funéraire apparaissent dispersés dans une interdisciplinarité allant de l’anthropologie funéraire à l’écologie, des notes techniques (littérature grise) à l’expérience pratique (savoir-faire des maitres composteurs). Il n’existe donc pas d’approche simple ou intuitive pour aborder cette question.

Notre démarche repose sur la Recherche Action Participative (RAP) et s’articule autour d’un objectif central : la co-conception et le test en conditions réelles de procédures funéraires de compostage (i.e. expérimentation). Pour ce faire, nous proposons une approche transdisciplinaire croisant anthropologie mortuaire, biologie expérimentale et archéologie. Notre programme réuni deux laboratoires issus de domaines différents (Biologie/Droit et Archéo-anthropologie) et est structuré en quatre tâches. 1/ Une analyse collaborative de l’évolution des pratiques mortuaires permettant d’identifier les enjeux scientifiques/techniques liés au compostage funéraire (co-conception) 2/ la constitution d’un cadre logistique permettant la réalisation des expérimentations 3/ la co-construction des protocoles, qui feront ensuite l’objet de tests grandeur nature permettant de collecter les données et de valider collectivement leur efficacité (co-réalisation) 4/ la création de livrables sous forme de contenus scientifiques (publications) ainsi que de documents utiles, c’est-à-dire permettant la prise de décision (changement législatif). Nous proposons également une approche plus réflexive autour de l’undone science et de la démarche RAP.

Thèmes
Disciplines
Mots-clés
  • Rite funéraire
  • Expertise
Acronyme
F-COMPOST
N° de projet (ANR, clinical trials…)
ANR-23-SSAI-0011-01
Date de début
2024
Statut
en cours de réalisation
Responsable(s) du projet
Damien CHARABIDZE
Financeurs
  • ANR - Agence nationale de la recherche
Nom de l'appel à projet
  • SAPS-RA-AI
Établissement porteur du projet
  • Université de Lille
Équipe projet
  • Sacha KACKI
Structures partenaires
Humo Sapiens
Université de Bordeaux